F�d�ration Fran�aise de Psychiatrie
Psydoc-France

The evolution of opiates substitute in France

2nd National Drug Treatement Conference, London, 2004 

Cyberaddiction et R�alit� virtuelle

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Annonce                                                                                                     

Cin�aste et ancien m�decin, je souhaiterais rentrer en contact avec des "Accros de l'Internet" ayant entrepris une d�marche de soin, pour un film documentaire s�rieux et respectueux sur la "Cyberd�pendance". L'anonymat sera bien s�r totalement garanti.
Jean-Bernard Andro. 01 42 49 59 34

Cyberaddiction, nouvelle
"toxicomanie sans drogues"

R�sume :
L�Internet offre des multiples possibilit�s dans les domaines du travail, de l'�ducation, ou dans la communication. Pourtant il y a des personnes qui d�passent les limites d�une connexion "normale" et qui vont dans le sens d�une conduite addictive, perdant tout contact avec la vie r�elle. L'adaptation de la grille des crit�res de l'addiction selon le DSM-IV prouvent le bien fond� d'une telle affirmation. Les crit�res de l�addiction peuvent s�appliquer dans la m�me mesure au jeu pathologique, � l�achat compulsif, � la sexualit� pathologique, le point commun de ces conduites addictives �tant la perte de contr�le, la recherche de sensations et de plaisir. Dans le cas des cyberaddictifs, on assiste � une polyaddiction, somme et intrication de l�addiction � l�Internet, de la addiction communicationnelle, de la sexualit� pathologique. Jusqu'� pr�sent, les forums de discussion et les articles concernant le sujet, ont fait l�apanage des sites nord-am�ricains l'explication �tant peut-�tre le d�veloppement initial du Web aux USA et Canada. L'exp�rience des enseignants, des cliniciens, va dans le sens d'un v�ritable comportement addictif ayant comme objet l'Internet. Le r�tablissement d�une relation "saine" � l�Internet, une meilleure int�gration de la r�alit� virtuelle dans la vie courante, les groupes de paroles log�s sur Internet, sont des solutions propos�es par les addict�s eux-m�mes. Une conclusion de cet article, serait la n�cessit� d��ducation et de prise de conscience devant l�ampleur que le Web peut prendre dans la vie des �consommateurs�, afin de tirer tous les profits de cet excellent moyen de communication et information.

Mots-cl�s :
Internet - addiction - cyberaddiction � polyaddiction - addiction communicationnelle - r�alit� virtuelle

Summary :
The Net offers a lot of possibilities for working, education, game and communication. But there are some persons which are overusing the net, overtaking the limits of a �healthy� connexionwhich present the addiction behavior criterion, loosing all kind of control to real life. The corespondancy of the DSM-IV criterion of addiction prooves the thruthfulness of this affirmation. Someone, will reply that the addiction criterion could be applied in the same order, to gambling, buying spree or sex addiction, the common key of these addictive behaviors being the loose of control, seeking for sensations and pleasure. The cyberaddicted, presents a polyaddictive pathology, with an intrication of NetAddiction, comunication addiction and sex addiction. Till now, the IRC and the articles concerning the subject, where the exclusiveness of the north-americain or canadian authors. The experiencies of professors, clinical practioners, join the idea of an addictive behavior to the 'Web'. Restoring a �healthy� relation to the Net, a better integration of the virtual reality into courant life, the IRC, are some of the solutions proposed by the cyberaddicted themselves. A conclusion of this article, is the need to educate and to be awared about the importance of the Net in our lives, in order to take advantage from this excellent communication and information tool.

Key words :
Internet - addiction - cyberaddiction � polyaddictive behavior - communicationnal addiction - virtual reality

" ..Une illusion cr��e par le cerveau pour se d�lester des actions animales et permettre au cortex de se concentrer sur ce pour quoi il a �t� fait. Cette illusion est vitale, mais elle n�en est pas moins une illusion. Or ce merveilleux dispositif neurogiciel rec�le en lui un pi�ge fatal. ...Ce pi�ge s�appelle la facilit�. La facilit� engendre � la fois d�pendance et ennui. Elle est une sorte de trou noir qui aspire inexorablement la conscience si l�on ne prend pas garde ". Maurice Dantec, Les racines du mal.

L�Internet, allie les avantages offerts par la facilit� de communication sans fronti�res et sans limites, par la convivialit� de travail, la qualit�, la pr�cision et la rapidit� des moyens de recherche, l��tendue de ses r�seaux, mais aussi d�un espace ludique interactif et d�un moyen sans pr�c�dent en terme d�accessibilit�. Le plus attrayant, reste le d�veloppement du monde virtuel, qui se m�lange avec le monde r�el, avec la repr�sentation du monde de l�imaginaire. La question qui se pose, est de savoir s'il y a compl�mentarit� entre les deux mondes, plus pr�cis�ment si le monde virtuel n�est pas en train de se substituer � l�autre et d�appara�tre effectivement plus disponible, plus facile � vivre et � supporter que le monde r�el.

Comme le dit J.G.Ballard  "cela repr�sente le plus grand �v�nement dans l��volution de l�humanit�. Pour la premi�re fois, l�esp�ce humaine sera capable de nier la r�alit� et de substituer sa vision pr�f�r�e ".

Actuellement, l�Internet est devenu plus qu�une grande base de donn�es, plus qu�un moyen fiable et de qualit� permettant des communications rapides en temps r�el. Par sa facilit� d�acc�s, par sa connotation scientifique et la note d�acceptation sociale qui l�accompagne, l�Internet devient facilement objet d�abus (Kathleen Scherer, University of Texas - Austin).

Dans les donn�es scientifiques provenant d�outre-Atlantique, on parle de plus en plus des cyb�riens, des cyberaddictifs - ces �accros� de la connexion et de la communication, ces drogu�s du virtuel qui passe des heures et des heures on-line, afin de visiter et d�habiter le plus longtemps possible la communaut� virtuelle, le Cyberland, expression id�alis�e du village plan�taire de Marshall McLuhan.

Du point de vue des classifications actuelles, le DSM-IV et le CIM-10, les troubles addictifs des toxicomanies sans drogues, l'addiction sexuelle, le jeu pathologique, l'achat compulsif, sont mal r�pertori�s. On les retrouvent dans des sous-classes comme les "Troubles du contr�le des impulsions", "Troubles du contr�le des impulsions non-sp�cifi� ailleurs" ou "Autres troubles des habitudes et des impulsions".

C'est Otto Fenichel en premier (1949), qui a soulev� la question des " toxicomanies sans drogues ". Depuis, plusieurs auteurs ont trait� le sujet, certains pr�f�rant de garder le terme addiction pour les toxicomanies aux diff�rentes substances psychoactives � Walker en 1989, Rachlin en 1990.

Pour certains auteurs, les crit�res similaires peuvent �tre appliqu�s aux troubles du comportement alimentaire - Lacey en 1993, aux jeux pathologique - Griffiths en 1991 ou Valleur en 1997, aux jeux vid�o - Keepers en 1990.

Actuellement le concept d'Internet Addiction - impliquant la pr�sence de plusieurs crit�res DSM IV de l'addiction - est reconnu par plusieurs sp�cialistes (Brenner, 1996; Griffiths, 1997; Scherer, 1996; V�l�a, 1997 ; Young, 1996).

Les cyberd�pendants, sont des gens qui dans leurs efforts de combler un vide identificatoire, se heurtent aux obstacles souvent imaginaires, avec des combats qu�ils estiment perdus d�avance ou sans int�r�ts, situations qui vont engendrer in�vitablement des frustrations, des ph�nom�nes anxieux, des troubles de comportements. C�est � la recherche d�un refuge, d'une �chappatoire � la r�alit�, que cette tendance � s�extraire au contexte r�el pourrait devenir l�une des motivations intimes des conduites des cyberd�pendants. Le groupe des cyb�riens, essaie de retrouver une famille en tant que milieu affectif privil�gi� ou les th�mes cosmiques, �rotiques et sensuelles sont pr�pond�rants.

Le remplacement du r�el par le virtuel est la seule mani�re concevable de vivre. Selon le psychiatre am�ricain, Ivan K. Goldberg : " l�Addiction Internet, peut d�terminer la n�gation ou l��vitement d�autres probl�mes de la vie courante ".

La conduite addictive, traduit l�immaturit� socio-affective qui d�termine l�impossibilit� de se construire une identit� psychosociale v�ritable, solide. La situation est amplifi�e par la coexistence d�un sentiment de non-valeur personnel, de non-reconnaissance. Ils ont le sentiment d��tre seuls, isol�s, incomplets narcissiquement, �tat qui les am�nent � investir et accorder un potentiel narcissique r�parateur de leur angoisse pr�d�pressive, aux diff�rents objets et situations qui pourront engendrer par la suite diff�rentes conduites addictives (voir aussi en annexe).

Crit�res diagnostiques de la personnalit� d�pendante DSM IV

Besoin g�n�ral et excessif d��tre pris en charge, qui conduit � un comportement soumis et � une peur de la s�paration, qui appara�t au d�but de l��ge adulte et est pr�sent dans des contextes divers, comme en t�moignent au moins cinq des manifestations suivantes :

  1. le sujet a du mal � prendre des d�cisions dans la vie courante sans �tre rassur� ou conseill� de mani�re excessive par autrui ;
  2. a besoin que d�autres assument les responsabilit�s dans la plupart des domaines importants de sa vie ;
  3. a du mal � exprimer un d�saccord avec autrui de peur de perdre son soutien et son approbation ;
  4. a du mal � initier des projets ou � faire des choses seul (par manque de confiance n son propre jugement ou en ses propres capacit�s plut�t que par manque de confiance et/ou d��nergie) ;
  5. cherche � outrance � obtenir le soutien et l�appui d�autrui, au point de faire volontairement des choses d�sagr�ables ;
  6. se sent mal � l�aise ou impuissant quand il est seul par crainte exag�r�e d��tre incapable de se d�brouiller ;
  7. lorsqu�une relation proche se termine, cherche de mani�re urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin ;
  8. est pr�occup� de mani�re irr�aliste par la crainte d��tre laiss� � se d�brouiller tout seul.

L�apparition de ces "Nouvelles Technologies de l�Information et de la Communication " (NTIC), peut concourir vers un projet de conservation dans la vie �veill�e, d�une forme de perception hallucinatoire comme dans le r�ve. Les NTIC renvoient des stimuli visuels et auditifs, qui permettent gr�ce aux moyens technologiques tr�s sophistiqu�s - gants, lunettes, combinaisons - de reproduire la sensation de la texture des mat�riaux, la temp�rature d�un objet, la sensation de poids, voire m�me la sensation d�avoir serrer la main d�une personne qui se trouve � des milliers de kilom�tres.

L�av�nement de ce nouveau monde virtuel, ne traduit pas simplement une crise profonde de la repr�sentation, mais il touche � l�image de soi-m�me, modifie le sens de la finalit� existentielle. Les repr�sentations virtuelles apportent avec elles la contrainte de vivre - parfois de survivre - parmi les repr�sentations de la r�alit� plut�t que dans la r�alit� elle-m�me. L�Internet, offre tous les attraits d�un monde liss�, parfaitement poli, id�alis�, d�un cadre de vie stable, protecteur. Pourtant, ce cadre de vie est en permanence dans un mouvement entropique, source de dynamisme et de mobilisation.

La description de ce nouveau monde appara�t pour la premi�re fois dans un roman de science fiction, �Le Neuromancien�, W. Gibson: " le cyberespace : une hallucination consensuelle v�cue quotidiennement en toute l�galit� par des dizaines de millions d�op�rateurs. Une complexit� impensable. Des traits de lumi�re dispos�s dans le non-espace de l�esprit, des mas et des constellations de donn�es".

La conduite addictive ayant comme objet l�Internet, est souvent accompagn�e d�une ou plusieurs autres conduites, sous forme compl�te ou partielle, ce qui fait penser � une probl�matique de type polyaddictive.

La pr�sence en permanence du facteur communication, peut engendrer le concept de "Conversation Assist�e par Ordinateur" et d�addiction communicationnelle. L�image type des cyberd�pendants, est celle de personnes qui ont des difficult�s de communication, qui ont une notion spatio-temporelle alt�r�e et qui cherchent sans cesse un moyen pour exprimer leur mal de vivre. Cela pourrait �tre une des explications de ces longues heures pass�es en connexion. Selon le Dr. Jeffrey Goldsmith, directeur de l�Alcoholism Clinic - University of Cincinatti, les gens qui ont du mal � communiquer dans la vie r�elle avec les autres, sont les personnes les plus susceptibles de devenir d�pendantes aux possibilit�s de communications offertes par le Web.

Les grands cyberaddictifs internautes, r�pondent aux crit�res d�inclusion dans la cat�gorie des joueurs pathologiques. Certains de leurs comportements pr�sentent ces caract�res addictifs : avidit�, extr�me plaisir tir� de l�acte, d�pendance, r�p�tition et surtout perte de contr�le. L��tat que le DSM-IV classe parmi les "Troubles du contr�le des impulsions non class�s ailleurs", est caract�ris� par la pr�occupation pour le jeu, la tendance � augmenter la dur�e, l�incapacit� � mettre un terme � la conduite, l�impossibilit� de r�sister aux impulsions.

A l�origine, l�anc�tre des espaces de parole comme l�IRC � Internet Relay Chat, �tait le MUD (Multiple User Dungeons), une sorte de jeux de fiction qui se pratique en envoyant diff�rents messages aux autres joueurs, afin de collaborer ou de se confronter dans un espace virtuel. A l�heure actuelle on d�nombre sur Internet environ 500 sites de jeux en r�seau. En France, deux sites Internet proposant des jeux virtuels semblent susceptibles de d�velopper une addiction au jeu.Le premier jeu, appel� "Le Deuxi�me Monde", r�alis� par Canal+ et Cryo, a comme objectif la cr�ation d�un laboratoire politique pour d�mocratie virtuelle. Le jeu consiste dans une transposition virtuelle de la ville de Paris. On peut choisir sa morphologie, la couleur de sa peau, son identit�, mais �galement son logement, avec la possibilit� de le personnaliser. Les joueurs �citoyens� peuvent se rencontrer, organiser des visites et des discussions entre eux. Ce qui semble int�ressant, c�est la possibilit� de vote �lectronique install�e sur le Web, les �citoyens� �tant appel�s � d�cider eux-m�mes du sort de ce monde virtuel.
Le deuxi�me jeu, "LePalace", proposent des cadres de vie virtuelle, des �changes entre des joueurs qui peuvent choisir �galement leurs apparences, des situations et des tableaux de vie virtuels. Ce genre de jeux, apparu depuis longtemps aux Etats-Unis, m�lant la fiction, la virtualit�, le ludique, a cr�e d�j� des �aficionados�, des inconditionnels qui vivent dans cet espace, qui ne communiquent que dans le cadre des IRC qui leurs sont d�di�s, leurs mani�res de vie �tant conditionn�es par le jeu qui les occupent la plupart de leurs temps.

L�achat compulsif est un comportement permanent ou intermittent, caract�ris� par une irr�sistible envie d�acheter, une tension avant le comportement et sa r�solution par la r�alisation d�achats. Ce qui est plus ou moins sp�cifique pour ce genre de comportement, c�est l�acte d�acheter par rapport � la simple possession de l�objet.
La place de ce comportement addictif dans un essai de pr�sentation de la cyberaddiction, semble justifi� par le fait que l�Internet offre une facilit� immense pour effectuer des achats, avec une composante nouvelle : l�achat en direct. Cela a engendr� aux Etats-Unis un v�ritable fl�au social, appel� buying spree - fr�n�sie d�acheter.
Il semble important de souligner le rapport qui s��tablit actuellement entre notre soci�t�, qui est par d�finition une soci�t� de consommation, qui provoque et impulse les gens � acheter par le biais de la publicit� et de la politique de marketing, et l�individu, incapable de r�sister � une mise en acte impulsive d�un d�sir socialement stimul�. Le nombre important des cyber-consommateurs doit nous questionner. A ce titre, "Le Deuxi�me Monde", contient � tous les coins de rue des affiches publicitaires et offre la possibilit� des visites virtuelles dans des espaces commerciaux qui peuvent se solder par des achats on-line. Ceux-ci sont bien r�els cette fois-ci, et pay�s avec de l�argent r�el.

Dans l�article de Ph. Spoljar, j�ai trouv� une notion tr�s int�ressante, celles de "Sexualit� Assist�e par Ordinateur", capable selon l�auteur d�effacer les fronti�res entre masturbation et rapport sexuel. P. Virilio, utilise le terme de cybersexualit� : "on invente une perspective nouvelle, la perspective du toucher, qui permet une sexualit� � distance, la t�l�copulation. L��v�nement est inou� : jusqu�alors on n�avait jamais pu toucher � distance. Or aujourd�hui, � des milliers de kilom�tres je peux non seulement toucher avec des gants de donn�es, mais avec une combinaison sp�ciale je peux faire l�amour � une fille � Tokyo, ses impulsions m��tant transmises par des capteurs me permettant de faire jouir et de jouir moi-m�me".
Pour le cybernaute pr�sentant un comportement addictif sexuel, l�univers sans barri�res et sans limites de l�Internet, lui offre le choix et la possibilit� d�acc�der � ses pulsions et � ses fantasmes les plus intimes.

Depuis les ann�es soixante-dix, les chercheurs nord-am�ricains se sont int�ress�s de pr�s au monde virtuel offert par l�informatique et ses extensions. Les chercheurs de l��quipe de Timothy Leary, � l��poque directeur du Harvard Psychedelic Drug Research Program, ont essay�s d�explorer ce nouveau monde et le microsyst�me qui prend naissance en dehors des normes et des sentiers battus. John Lilly, jeune et brillant chercheur, �crit en 1972 une monographie sur le cerveau en tant qu�unit� de stockage de toutes les bases d�informations contenant le savoir et les connaissances du monde - " Programming and Meta-Programming in the Human Bio-Computer ". Cette �tude, d�un contenu purement scientifique, est pass�e presque inaper�ue dans les milieux universitaires, son auteur �tant assimil� par certains � un jeune espoir de la science-fiction. Dans l�article cit�, Timothy Leary, �tablit une liaison entre l�invention de la typographie par Gutenberg en 1456 et l�apparition du Personal Book et l�invention de Steve Jobs et Steven Wozniak - celle du Personnel Computer, avec la constatation que l�apparition du livre personnel et de l�ordinateur individuel a g�n�r� le passage � un niveau sup�rieur de la conscience humaine - qui acquiert un acc�s de qualit� aux connaissances du monde, avec une v�locit�, une possibilit� de partage et de liaison extraordinaire - source d�une r�volution dans la soci�t�. Pour lui, le probl�me de la cyberaddiction s�inscrit dans un processus d��volution symbiotique, interactive avec le microsyst�me form� par l�homme et l�outil informatique. Dans ce processus, certains individus se rel�vent incapables de d�crocher du monde virtuel, incapables de vivre sans l��change continue de signaux �lectroniques entre leur cerveau et l�ordinateur.

La collaboration et l'intrication entre l'homme et sa machine hypercybernetique, dot�e de la parole et d'une intelligence artificielle, qui poss�de une ind�pendance d'analyse conf�rant un pouvoir propre d'action et de d�cision, ont d�j� �t� mentionn�es par les auteurs de science-fiction.

Les nouvelles recherches et projets sur le d�veloppement de l�intelligence artificielle, vont ouvrir au monde cybern�tique des perspectives inimaginables, avec des cons�quences sur le progr�s des sciences, sur les r�alisations en tout genre dans le domaine de l��lectronique industrielle, mais aussi dans la domotique, dans les loisirs et l�exploration du monde virtuel.

Pour les cyberaddictifs, cela repr�sentera un grand carrefour dans leurs habitudes, cette nouvelle prouesse technologique �tant de nature � changer leurs repr�sentations sur le monde virtuel, qui est d�j� de nos jours, leur seul centre d�int�r�t. Ce concept de r�alit� virtuelle d�passe actuellement les sph�res de la science-fiction ; l�apparition des outils hypersophistiqu�s, font penser au r�alisme et � la capacit� d�anthologie qui d�borde du texte suivant : "Une r�alit� virtuelle, c�est un monde cr�e par ordinateur qui change le sens de la pens�e...L�id�e des syst�mes avanc�s de r�alit� virtuelle comme substituts futurs du sexe, des drogues s'est le nouvel apanage de la science fiction moderne, de l��criture cybern�tique " - Bart Kosko ( Fuzzy Thinking, 1993).

Au d�but des ann�es quatre-vingt-dix, avec le d�veloppement des techniques du multim�dia et surtout avec la mont�e du Web, les universit�s am�ricaines ont pu constater, avec une r�elle inqui�tude, le nombre grandissant des jeunes �tudiants pr�sentant les signes de cette nouvelle forme de comportement addictif : la cyberd�pendance. Les articles traitant de ce sujet sont peu nombreux aussi bien sur le vieux continent, qu�aux Etats-Unis ou Canada, bien que dans ces pays, des associations et des universit�s ont des programmes de recherche tr�s avanc�s dans le domaine des conduites addictives.

Les enqu�tes publi�es aux USA par les enseignants du cycle universitaire, font part des cas concrets, r�pondant � tous les crit�res de classification des d�pendances. Ainsi, une association d�aide aux cyberd�pendants cr�e par le psychiatre nord-am�ricain Ivan K. Goldberg, affiche dans sa page d�information sur le Web les crit�res typiques de l'Internet Addiction Disorders (IAD), crit�res qui sont calqu�s sur ceux de la DSM-IV. La d�pendance est manifeste dans le cas d�une utilisation disproportionn�e, mal adapt�e de l�Internet, conduisant � une perturbation d�finie par trois (ou plus) des crit�res suivants, sur une p�riode d�au moins 12 mois :

Crit�res de la d�pendance Internet (adaptation DSM - IV)

I. Tol�rance, comme d�finie par une des propositions suivantes :
A. une augmentation progressive, marqu�e du temps pass� en connexion, afin d�obtenir satisfaction.
B. une diminution marqu�e de l�effet, si le temps pass� pour la connexion Internet est toujours le m�me.
II. Syndrome de manque, manifest� par l�une des propositions suivantes :
A. le syndrome classique de manque
1. arr�t ou r�duction de l�Internet qui est difficile � supporter et semble prolong�
2. deux ou plus des propositions suivantes, d�apparition apr�s plusieurs jours jusqu'� un mois par rapport au crit�re 1.

a.agitation psychomotrice
b.
fantasmes et r�ves au sujet de l�Internet
c.des mouvements anormaux et involontaires des doigts de la main

3. les sympt�mes du crit�re B g�n�rent un dysfonctionnement d�ordre social, dans le travail ou d'autres domaines importants
B. l�utilisation d�Internet ou d�un service similaire on-line, est en mesure d�effacer ou d��viter les sympt�mes du syndrome de manque.

III. L�acc�s � l�Internet est r�alis� presque toujours, plus longtemps et plus souvent, que dans l�intention initiale.
IV. Il existe un d�sir permanent ou des efforts sans succ�s d�arr�ter la connexion ou de contr�ler l�usage de l�Internet.
V.Une grande partie de son temps libre est pass�e dans des activit�s concernant l�usage de l�Internet (achats de livres sp�cialis�s, essai sans arr�t des nouveaux moteurs de recherche, la recherche de nouveaux providers...)
VI.
Les activit�s sociales, les hobbies, les activit�s r�cr�atives, sont r�duites ou abandonn�es � cause de l�utilisation de l�Internet.
VII.
L�usage de l�Internet persiste, en d�pit de la prise de conscience sur les probl�mes sociaux, occupationnels, relationnels et psychologiques, occasionn�s ou entretenus par l�emploi de l�Internet (privation de sommeil, difficult�s de couple, retard dans les rendez-vous, surtout matinaux, n�gligemment des activit�s habituelles, ou sentiment d�abandon de la part des proches).

Dans le groupe de parole et d�aide on-line du site IAD, se trouve aussi un espace d�auto-�valuation de son degr� de cyberd�pendance et de la motivation pour en finir avec cette d�pendance.

La Soci�t� Am�ricaine de Psychologie, a pr�sent�e une �tude r�alis�e par Kimberly Young, Universit� de Pittsburgh-Bradford, portant sur 396 hommes et femmes, qui se connectent en moyenne sur Internet pendant 38 heures par semaine. L�article dresse le constat de l�existence d�une vraie addiction, qui peut d�truire les relations personnelles et de travail de ces utilisateurs obsessionnels, en les amenant � la perte de leur travail et � une d�sinsertion socio-professionnelle. Les personnes atteintes des conduites addictives rapport�es � l�Internet, ne sont pas des "ados farfelus", mais la plupart sont d��ge moyen, donnant l�impression d��tre au sommet de leurs rendements et capacit�s. Les grands usagers on-line, pr�sentent tous les crit�res psychiatriques du DSM-IV applicables aux alcooliques et aux grands toxicomanes. Les dialogues et les th�rapies arrivent � d�celer, par rapport aux descriptions des sensations ressenties, trois aspects pr�dominant :

l�id�e de communaut� - rencontrer des " amis " on-line
les fantasmes - l�adoption des nouvelles personnalit�s et les fantaisies sexuelles
le pouvoir - l�acc�s instantan� � l�information et vers des nouvelles personnes.

David Brocato, animateur d�espace de conversation IRC sur le th�me des comportements addictifs, pensait avoir affaire aux alcooliques et toxicomanes classiques, mais il d�couvre que la plupart des gens qui rentrent dans le cercle de conversation, expriment une probl�matique li�e � " l�Internet Addiction". Ainsi, une de ces personnes, raconte comment elle a perdu son travail et comment sa vie familiale a �t� d�truite, la seule occupation capable de l�accaparer pendant des heures �tant la connexion on-line et la participation au groupes de paroles. L�animateur lui demande alors s�il est pr�t � lui renvoyer son modem (le moyen de connexion entre l�ordinateur et le service Internet, via les voies de transmission t�l�phoniques). La r�ponse tombe instantan�ment: ABSOLUMENT PAS , puis en se d�connectant, la personne met fin � la conversation.

Ce cas rassemble beaucoup aux situations qu�on rencontre g�n�ralement dans la pratique quotidienne avec les toxicomanes, compte tenu des traits psychologiques des sujets et des effets obtenus par la prise d�une substance psychotrope. Ces effets pourraient �tre une tentative de r�solution d�un probl�me, la recherche r�p�titive du plaisir.

Les recherches effectu�es par Zuckerman dans les ann�es soixante, essaient d��tablir un lien entre les ph�nom�nes d�activation psychique et la recherche de sensations. Celle-ci correspond au besoin d�exp�riences nouvelles, complexes et vari�es et � la volont� de prendre des risques physiques et sociaux dans le but d�obtenir et de maintenir un niveau optimal �lev� d�activation c�r�brale.

L��chelle de recherche de sensations, - Sensation Seeker Scale - (SSS), comporte quatre facteurs qui d�finissent ce ph�nom�ne :

1. recherche de danger/aventure - attrait pour les sports et les conduites � risques, impliquant vitesse et danger.
2. recherche d�exp�rience - attrait pour des activit�s intellectuelles ou sensorielles.
3. desinhibition - attrait pour la boisson, l�alcool, les exc�s sexuels.
4. susceptibilit� � l�ennui.

Il existe une relation �troite - mais non-sp�cifique et non-exclusive - entre addictions et recherche de sensations.

Une �tude r�alis�e par Bridget Murray, enseignante dans une grande �cole am�ricaine, analyse le ph�nom�ne des conversations on-line sur l�Internet Relay Chat - l�IRC -, moyens de conversation en ligne et en temps r�el par l�interm�de d�un groupe de discussion. L�acc�s est libre, conditionn� par le simple choix d�un pseudonyme - garantissant un anonymat total. Son cr�ateur, le finlandais Jarkko Oikarinen, lui-m�me un ancien cyberd�pendant, d�crit l�IRC comme un moyen de conversation envo�tant, accaparant, vecteur d�une fausse socialisation. L�IRC repr�sente "une passerelle" du r�el vers la "r�alit� virtuelle", et surtout �vite le contact direct dans un �face-�-face�. L�emprise de ce moyen de communication est immense sur certains des cyberaddictifs, capables de r�sister devant leur �cran et clavier pendant des longues heures, afin de pouvoir communiquer avec d�autres passionn�s, presque toujours dans le d�triment de leur vie sociale, familiale, professionnelle. En conclusion, l'�tude souligne l�importance de ces passages artificiels, qui permettent finalement l�installation de la communication sans la contrainte d�affronter la r�alit�.

Pour Jonathan Kendall, University of Maryland-College Park, cette emprise est celle d�un "vide descendant en spirale, avec un fort pouvoir d�aspiration". D�ailleurs, le surnom de l�Internet, est le Web, mot signifiant en anglais �toile d�araign�e�. Cette toile, tiss�e � l�infini, peut fort bien devenir envo�tante, accaparante pour celui qui l�approche de trop pr�s.

Ces exemples montrent la difficult� de la prise en charge des conduites addictives. Les psychologues, les m�decins sont d�accord sur le fait que les cyberd�pendants, chacun avec sa sp�cificit� et sa personnalit�, ont droit � un regard diff�rent, � une approche th�rapeutique adapt�e au cas par cas. L�exp�rience confirme que l��tape la plus importante dans le d�clenchement d�une prise en charge et qui aura les meilleures chances d�aboutissement, passe d�abord par la reconnaissance de sa d�pendance.

Une partie des th�rapeutes, consid�re que les th�rapies les mieux adapt�es sont les psychoth�rapies de type analytiques, qui utilisent comme support principal le langage verbal en tant qu�expression sonore de la pens�e. Un tel langage doit �tre r�habilit� dans sa fonctionnalit�. La fonction de penser, qui est dans le cas des cyberaddictifs plus importante que l�expression orale, doit �tre investie afin d�aboutir � la restauration de la parole. Nouer ou renouer des liens de solidarit� et d�entraide, r�tablir des relations humaines, aidera les gens � parler d�eux-m�mes et de leurs probl�mes.

Pour certains, il faut soutenir les sujets afin de g�rer leurs comportements en les aidant � prendre conscience des facteurs qui contribuent � l�apparition de l�addiction (r�actions aux stress, traits de personnalit�...), des effets de leurs comportements et de les aider � am�nager leurs r�ponses d�une mani�re plus pertinente. La resocialisation des sujets peut se faire par la mise en place des groupes de paroles directes, en �face � face�, en associant des ex-internautes d�pendants, avec un suivi au long cours. Cela implique �galement un r�seau d�intervenants pr�par�s � comprendre leur mode particulier de relation aux objets.

Sur ce sujet, les exp�riences nord-am�ricaines sont assez compl�tes, avec cependant une critique concernant la faible importance accord�e � la prise en charge th�rapeutique individuelle, l�accent �tant mis sur les th�rapies de groupe. La partie sur laquelle ils ont une avanc�e, c�est la mise en place de sites Internet (peut-on oser l�utilisation du terme substitution ?!) repr�sentant des groupes de paroles � but th�rapeutique, s�adressant d�une mani�re anonyme aux cyberd�pendants. Les groupes de paroles, cr�es par les ex-d�pendants, ou par les familles et les gens de l�entourage, ont la qualit� et l�avantage de faciliter le dialogue, dans un premier temps � l�aide des groupes IRC et par la suite en encourageant les dialogues �face-�-face�.

Kathleen Scherer, psychologue am�ricaine, a dirig�e une session d�information et un groupe de parole dans le cadre de l�Universit� de Texas. L�exp�rience �tait suivie par 60 �tudiants, qui ont essay� d�apprendre � contr�ler leur temps de connexion dans les IRC ou dans les groupes de jeux virtuels. Cet apprentissage allait jusqu'� la suppression de leurs abonnements Internet. Pour une meilleure �valuation de cette exp�rience, Scherer, en collaboration avec Jane Morgan Bost, psychologue dans le Centre de Sant� Mentale de Texas, a conduit une enqu�te de type �cohorte� sur 1000 �tudiants, les uns utilisateurs d�Internet, les autres non-utilisateurs. Cette enqu�te avait comme objectif l��tablissement des formes cliniques de d�pendance et les meilleures prises en charge psychoth�rapeutiques. Le r�sultat, aussi paradoxale que ce soit, souligne le r�le et l�importance des groupes de paroles IRC ayant comme th�me la d�pendance et l�aide on-line, mais aussi le r�le du facteur �ducationnel, la seule contrainte �tant celle de la capacit� de faire la diff�rence sur la valeur des sites et surtout, de bien conna�tre ses propres limites. Le paradoxe, est l�utilisation du facteur incrimin� dans le d�clenchement de la conduite addictive, en tant que moyen de lutte contre celle-ci. L�acceptation de ce moyen est r�ciproque, aussi par les th�rapeutes que par les addict�s.

Le concepteur du site Internet Stress Scale, le Dr.Orman, essaie de venir en aide avec des textes explicatifs, qui traitent les situations de stress r�sultant du travail sur ordinateur. La tendance de devenir d�pendant � l�Internet, est test�e � l�aide de neufs items. Le but, est de r�pondre par �oui� ou par �non� � ces questions, le score total obtenu illustrant le degr� de d�pendance ou de non-d�pendance. (annexe 1). Un tel test � un c�t� un peu trop simpliste, qui ne tient pas compte des facteurs fragilisants, des facteurs de la personnalit� ou des situations de d�pressions dans lesquelles se trouvent les personnes addict�es. N�anmoins, c�est un test facile � pratiquer, qui permet de d�marrer une �ventuelle prise en charge. En outre, il souligne d�une mani�re assez pr�cise l�importance d�une meilleure gestion et d�un meilleur contr�le de son temps.

Interneters Anonymous, est un groupe d�hommes et de femmes qui partagent leurs exp�riences, afin de renforcer la motivation de ceux qui ont envie de retrouver une vie �normale� apr�s les comportements cyberaddictifs . Leur programme est calqu� sur le mod�le utilis� par les Alcooliques Anonymes, avec les douze �tapes de reconnaissance de l�impuissance devant l�objet ou le sujet de l�addiction : Internet. Leur mani�re de rentrer en contact utilise le Web, avec une page qui contient des exemples personnels, des t�moignage et les adresses d�autres personnes qui ont besoin ou qui peuvent aider. La seule condition requise dans le cadre de leur programme, est la reconnaissance sans ambigu�t� de l��tat de d�pendance et de la perte de libert�. L�exp�rience et la r�putation des groupes de paroles constitu�s sur le principe des Alcooliques Anonymes ou des Narcotiques Anonymes, donne une caution de valeur � un site de ce style. (annexe 2).

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En conclusion, on peut consid�rer que si la r�alit� clinique des addictions est un fait unanimement accept�, les nouvelles addictions - jeu pathologique, sexualit� pathologique, achats compulsifs - sont encore dans la phase d�acceptation par la communaut� scientifique. La difficult� principale est celle de l��tablissement des crit�res valables de d�finition. Dans la classification de r�f�rence � l�heure actuelle (le DSM-IV) ces conduites figurent parmi des "Troubles du contr�le des impulsions  ", cat�gorie pouvant englober aussi le concept d�"Internet Addiction". Ce dernier, est tr�s peu connu dans le milieu professionnel, les quelques �tudes faites aux Etats-Unis ou au Canada �tant de date r�cente, avec une casuistique restreinte, les crit�res de l�addiction �tant pr�sents. L�exp�rience des m�decins et psychologues qui ont effectu� ces enqu�tes prouvent le bien fond� de l�utilisation du terme de conduite addictive par rapport � l�usage r�p�titif, intensif, qui �chappe � tout contr�le, par rapport aux signes de d�pendance psychologique et l�existence d'un syndrome de sevrage et par rapport aux cons�quences socio-professionnelles et familiales. Une des sp�cificit�s de ce probl�me, c�est la possibilit� de rencontrer une polyaddiction, l�association entre la cyberaddiction, la sexualit� assist�e par ordinateur, le jeu pathologique et les conduites d�achats compulsifs, �tant courante dans les troubles de comportements des personnes impliqu�es.

Les cyberaddictifs - ces accros de la connexion et de la communication, ces drogu�s du virtuel, expriment peut-�tre la r�action du consommateur lambda au flux d�information, au changement de la repr�sentation et � la modification du sens de la finalit� existentielle. On peut penser que le rapport � la r�alit� change de nature : le virtuel devient aussi r�el que le r�el, l�esp�ce humaine devenant contrainte de vivre de plus en plus dans des repr�sentations de la r�alit� plut�t que dans la r�alit� elle-m�me.

Le Web avec sa toile invisible qui se r�pand dans l�espace plan�taire, devient un lieu de refuge par excellence pour ces personnes qui n�arrivent pas � s�exprimer, pour qui la parole et le contact humain n�ont plus de valeur v�ritable. La n�gation de leurs probl�mes, les poussent � se cacher derri�re la �toile du Web�, dans la �r�alit� virtuelle� des espaces de conf�rences, des IRC, des jeux en r�seau, l� o� ils vont rencontrer les autres " cyb�riens ", pr�ts � �changer l�expression orale par la transmission de leur pens�s informatis�es. Toutes ces notions, li�es aux mouvements continus, en �volution rapide et permanente, font du Web l�expression frappante d�un changement, d�un monde en pleine dynamique mutante, qui exhorte l�immobilisme et les repr�sentations statiques. C�est l�, un autre aspect d�Internet, qui poss�de une valeur symbolique intrins�que propre, avec une connotation d�espace illimit� � conqu�rir et peupler, qui joint la notion d�infini, mais dans le m�me temps est associ� � un cadre protecteur.

Il faudrait se poser la question si le cyberespace pouvait un jour demander sa reconnaissance en tant qu��tat, fort de 37 millions d�internautes qui ont �lu domicile, qui vivent selon des normes de vie tr�s initiatiques, d�une fa�on �artificielle�. Les �changes et les contacts sont habituellement r�alis�s par l�interm�de des groupes de paroles virtuelles, ou dans un proche avenir, � l�aide des outils � fort potentiel virtuel, comme les gants, les combinaisons et les lunettes.

Et pourtant, l�Internet c'est le vecteur de la r�volution culturelle et scientifique qui va nous aider � devenir plus performants, mieux inform�s, avec une qualit� et une rapidit� de v�hiculation de l�information sans pr�c�dent. Les �tudiants, les enseignants, ont la possibilit� de communiquer et de se tenir au courant � tout instant de tous les progr�s ; dans le domaine des conduites addictives m�mes, l�Internet offre une base immense de donn�es, des sites de parole et d��change cr��s par des ex-addictifs, par des universit�s ou des associations d�entraide.

L�Internet fait partie actuellement d�une r�alit� ambientale, le d�veloppement futur des �autoroutes de l�information� fera du �r�seau des r�seaux� un outil tr�s puissant au service de l�humanit�.

Le r�el et le virtuel ne sont plus indissociables ; ils se compl�tent et s�expliquent r�ciproquement. L�humanit� doit s�efforcer de prendre en compte le besoin d�un changement dans ses rapports au r�el et au virtuel, entre le monde de la r�alit� qui est par d�finition clos et un monde virtuel tourn� vers l�infini, en relation avec l�imaginaire.

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Liste bibliographique :

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  3. Bergeret Jean, Les conduites addictives. Approche clinique et th�rapeutique, 1991
  4. Dantec Maurice, Les racines du Mal, Gallimard, S�rie Noire
  5. Dufour A., Internet, Que sais-je?, 1995, PUF
  6. Finkelkraut Alain - "L'utopie du cybermonde", �mission France Culture avec Jo�l de Rosnay et Paul Virilio (4/12/1995), article Internet
  7. Goddard M., Goddard P., Internet et la m�decine, 1997, Paris, Masson
  8. Goodman A., Addiction : d�finition and implication, British Journal of Addiction, 1990, 85, 1403-1408
  9. Jeammet P., Psychopathologie des conduites de d�pendance et d�addiction, 1995, Clinique m�diterran�ennes, 47/48
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  11. Leary Timothy, Personal computers / Personal freedom, article Internet
  12. Lecourt Dominique, Le savoir en cyberie, Le Monde de l'Education, de la Culture et de la Formation, avr 1997, 247, 30-31
  13. Levine J.R., Baroudi C., Internet pour les nuls, 1994, Paris, Sybex
  14. Norman Sally Jane, L'empire des sens, Le Monde de l'Education, de la Culture et de la Formation, avr. 1997, 247, 46-47
  15. Parody Emmanuel, Fantasmes et d�mocratie virtuelle, Plan�te Internet, avr.1997, 18, 18
  16. Pedinielli, J.-L., Rouan G., Bertagne P ., Psychopathologie des addictions, PUF , 1997
  17. Peele Stanton , The meanning of addiction : compulsive experience and its interpretation, 1985, Lexington, Mass.Lexington Books
  18. Qu�au Philippe, La galaxie cyber, Le Monde de l'Education, de la Culture et de la Formation, avr. 1997, 247, 20-21
  19. Spoljar Philippe, Nouvelle technologies, nouvelles toxicomanies ?, Le Journal des psychologues, f�vr. 1997, 144, 42-48
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  21. Venisse, J.-L., Les nouvelles addictions, 1991, Paris, Masson,
  22. Venisse J.-L., Bailly D., Addictions : quels soins ?, 1997, Paris, Masson,
  23. Wiener Norbert, The Human Use of Human Beings, 2nd edition, 1954, New York, Da Capo Press

 

ANNEXES :

Internet Stress Scale

1. Est-ce que vous passez plus de temps connect� sur l�Internet, que vous auriez penser initialement ?
OUI NON
2. Est-ce que �a vous d�range de limiter le temps pass� sur l�Internet ?
OUI NON
3. Est-ce que des amis ou des membres de votre famille se sont plaint par rapport au temps que vous passez sur l�Internet ?
OUI NON
4. Est-ce que vous trouvez difficile de rester sans �tre connect� pendant quelques jours ?
OUI NON
5. Est-ce que le rendement de votre travail professionnel ou les relations personnel, ont souffert � cause du temps que vous passez sur l�Internet ?
OUI NON
6. Est-ce qu�il y a des zones de l�Internet, des sites particuliers, que vous trouvez difficile � �viter ?
OUI NON
7. Est-ce que vous avez du mal � contr�ler l�impulsion d�acheter des produits ou des services �tant en relation avec l�Internet ?
OUI NON
8. Avez-vous essay�, sans succ�s, d��courter l�usage de l�Internet ?
OUI NON
9. Est-ce que vous d�viez beaucoup de vos champs d�action et satisfaction, � cause de l�Internet ?
OUI NON

De 0 � 3 r�ponses positives, il y a une petite tendance � devenir addictif Internet.
Entre 4-6 r�ponses positives, il y a une chance de d�velopper cette conduite addictive.

Les douze �tapes de l�Internet Addiction

  1. Admettre �tre impuissants devant L�Internet et les services on-line - on admets que nos ordinateurs et nos modems sont surutilis�s.
  2. Croire que le tout-puissant �webmaster� peut nous redonner la sant� d�esprit.
  3. Prendre une d�cision pour faire changer nos d�sirs, nos vies et nos �souris� vers le tout puissant �webmaster�.
  4. Faire une recherche sans crainte de nos disques durs.
  5. Faire accepter par le tout-puissant �webmaster�, par nous-m�mes la nature exacte de notre addiction.
  6. On est pr�ts � supprimer tous les enregistrements de nos adresses Internet.
  7. On supplie humblement le tout-puissant �webmaster� de retirer nos pages Web de tous les moteurs de recherche.
  8. Cr�er une liste des groupes de parole visit�s et admettre notre addiction aux membres de chacun de ces IRC.
  9. Corriger notre apparence devant tous les membres de ces IRC � qui on a menti par rapport � cela.
  10. Continuer de faire l�inventaire de tous nos disques durs et supprimer tous les fichiers qu�on a pu t�l�charger sur Internet.
  11. Rechercher par c�ble et par autre moyen Internet d�am�liorer notre contact conscient avec le tout-puissant �webmaster�.
  12. Essayer de baisser sa note de connexion � l�Internet, la facture d��lectricit� et de t�l�phonie comme un r�sultat de ces �tapes, essayer de faire porter ce message aux autres internautes , essayer de maintenir cette conduite dans notre vie courante.

 

Traits de caract�re des cyberd�pendants

Immaturit� socio-affective
Vide identificatoire
Frustration et incapacit� de surmonter celle-ci
Anxi�t�
Troubles de comportements et d�pendance affective
Sentiment de non-valeur et de non-reconnaissnace
Sentiment d'isolement et caract�re solitaire
Incomp�tence �motionnelle
 

Le r�sultat de ces manifestations : une grande difficult� d'adaptabilit�, un refus d'acceptation du monde r�el, la recherche d'une �chappatoire et le refuge dans le monde virtuel.

Le ph�nom�ne d'appartenance groupale, est un facteur de renforcement positif.

Il existe un r�el fluide �motionnel et fantasmatique entre les membres du groupe, qui recherche en permanence un leader, pour remplacer l'image paternelle ou simplement pour �tre d�charg� de toute responsabilit�.

La place de leader est objet de convoitise, mais la force de celui-ci peut aller jusqu'� bannir les intrus qui mettrait en jeu son r�le.

Le groupe contribue � la construction d'un imaginaire collectif, authentifiant les v�rit�s virtuelles.

La cyberd�pendance est un mode de r�solution particuli�re d'un trouble de comportement.

Plusieurs motivations :

Loisirs
Augmentation des performances
Accro�tre sa capacit� d'adaptabilit�
Refuge virtuel
Trouver des compagnons
Reformer un cercle d'initi�

Dans une dimension de "culte de la performance", les utilisateurs accros du Web, cherche � renforcer leur potentiel.

Le grand combat des cyberd�pendants est celui contre la solitude ; paradoxalement, la connexion Web serait de nature � combler le vide autour de soi, et la pr�sence virtuelle de compagnons est rassurante.