Cyberaddiction,
nouvelle
"toxicomanie sans drogues"
R�sume :
L�Internet offre des multiples possibilit�s dans les domaines
du travail, de l'�ducation, ou dans la communication. Pourtant il
y a des personnes qui d�passent les limites d�une connexion
"normale" et qui vont dans le sens d�une conduite
addictive, perdant tout contact avec la vie r�elle. L'adaptation
de la grille des crit�res de l'addiction selon le DSM-IV prouvent
le bien fond� d'une telle affirmation. Les crit�res de
l�addiction peuvent s�appliquer dans la m�me mesure au jeu
pathologique, � l�achat compulsif, � la sexualit�
pathologique, le point commun de ces conduites addictives �tant
la perte de contr�le, la recherche de sensations et de plaisir.
Dans le cas des cyberaddictifs, on assiste � une polyaddiction,
somme et intrication de l�addiction � l�Internet, de la
addiction communicationnelle, de la sexualit� pathologique.
Jusqu'� pr�sent, les forums de discussion et les articles
concernant le sujet, ont fait l�apanage des sites nord-am�ricains
l'explication �tant peut-�tre le d�veloppement initial du Web
aux USA et Canada. L'exp�rience des enseignants, des cliniciens,
va dans le sens d'un v�ritable comportement addictif ayant comme
objet l'Internet. Le r�tablissement d�une relation
"saine" � l�Internet, une meilleure int�gration de
la r�alit� virtuelle dans la vie courante, les groupes de
paroles log�s sur Internet, sont des solutions propos�es par les
addict�s eux-m�mes. Une conclusion de cet article, serait la n�cessit�
d��ducation et de prise de conscience devant l�ampleur que le
Web peut prendre dans la vie des �consommateurs�, afin de
tirer tous les profits de cet excellent moyen de communication et
information.
Mots-cl�s :
Internet - addiction - cyberaddiction � polyaddiction -
addiction communicationnelle - r�alit� virtuelle
Summary :
The Net offers a lot of possibilities for working, education, game
and communication. But there are some persons which are overusing
the net, overtaking the limits of a �healthy� connexionwhich
present the addiction behavior criterion, loosing all kind of
control to real life. The corespondancy of the DSM-IV criterion of
addiction prooves the thruthfulness of this affirmation. Someone,
will reply that the addiction criterion could be applied in the
same order, to gambling, buying spree or sex addiction, the common
key of these addictive behaviors being the loose of control,
seeking for sensations and pleasure. The cyberaddicted, presents a
polyaddictive pathology, with an intrication of NetAddiction,
comunication addiction and sex addiction. Till now, the IRC and
the articles concerning the subject, where the exclusiveness of
the north-americain or canadian authors. The experiencies of
professors, clinical practioners, join the idea of an addictive
behavior to the 'Web'. Restoring a �healthy� relation to the
Net, a better integration of the virtual reality into courant
life, the IRC, are some of the solutions proposed by the
cyberaddicted themselves. A conclusion of this article, is the
need to educate and to be awared about the importance of the Net
in our lives, in order to take advantage from this excellent
communication and information tool.
Key words :
Internet - addiction - cyberaddiction � polyaddictive behavior -
communicationnal addiction - virtual reality
" ..Une
illusion cr��e par le cerveau pour se d�lester des actions
animales et permettre au cortex de se concentrer sur ce pour quoi
il a �t� fait. Cette illusion est vitale, mais elle n�en est
pas moins une illusion. Or ce merveilleux dispositif neurogiciel
rec�le en lui un pi�ge fatal. ...Ce pi�ge s�appelle la
facilit�. La facilit� engendre � la fois d�pendance et ennui.
Elle est une sorte de trou noir qui aspire inexorablement la
conscience si l�on ne prend pas garde ". Maurice
Dantec, Les racines du mal.
L�Internet,
allie les avantages offerts par la facilit� de communication sans
fronti�res et sans limites, par la convivialit� de travail, la
qualit�, la pr�cision et la rapidit� des moyens de recherche,
l��tendue de ses r�seaux, mais aussi d�un espace ludique
interactif et d�un moyen sans pr�c�dent en terme
d�accessibilit�. Le plus attrayant, reste le d�veloppement du
monde virtuel, qui se m�lange avec le monde r�el, avec la repr�sentation
du monde de l�imaginaire. La question qui se pose, est de savoir
s'il y a compl�mentarit� entre les deux mondes, plus pr�cis�ment
si le monde virtuel n�est pas en train de se substituer �
l�autre et d�appara�tre effectivement plus disponible, plus
facile � vivre et � supporter que le monde r�el.
Comme le
dit J.G.Ballard "cela repr�sente le plus grand �v�nement
dans l��volution de l�humanit�. Pour la premi�re fois,
l�esp�ce humaine sera capable de nier la r�alit� et de
substituer sa vision pr�f�r�e ".
Actuellement,
l�Internet est devenu plus qu�une grande base de donn�es,
plus qu�un moyen fiable et de qualit� permettant des
communications rapides en temps r�el. Par sa facilit� d�acc�s,
par sa connotation scientifique et la note d�acceptation sociale
qui l�accompagne, l�Internet devient facilement objet d�abus
(Kathleen Scherer, University of Texas - Austin).
Dans les
donn�es scientifiques provenant d�outre-Atlantique, on parle de
plus en plus des cyb�riens, des cyberaddictifs
- ces �accros� de la connexion et de la
communication, ces drogu�s du virtuel qui passe des heures et des
heures on-line, afin de visiter et d�habiter le plus longtemps
possible la communaut� virtuelle, le Cyberland,
expression id�alis�e du village plan�taire de Marshall McLuhan.
Du point
de vue des classifications actuelles, le DSM-IV et le
CIM-10, les troubles addictifs des toxicomanies sans drogues,
l'addiction sexuelle, le jeu pathologique, l'achat compulsif, sont
mal r�pertori�s. On les retrouvent dans des sous-classes comme
les "Troubles du contr�le des impulsions",
"Troubles du contr�le des impulsions non-sp�cifi�
ailleurs" ou "Autres troubles des habitudes et des
impulsions".
C'est Otto Fenichel en premier (1949), qui a soulev� la question
des " toxicomanies sans drogues ". Depuis,
plusieurs auteurs ont trait� le sujet, certains pr�f�rant de
garder le terme addiction pour les toxicomanies aux diff�rentes
substances psychoactives � Walker en 1989, Rachlin en 1990.
Pour certains auteurs, les
crit�res similaires peuvent �tre appliqu�s aux troubles du
comportement alimentaire - Lacey en 1993, aux jeux pathologique -
Griffiths en 1991 ou Valleur en 1997, aux jeux vid�o - Keepers en
1990.
Actuellement le concept
d'Internet Addiction - impliquant la pr�sence de plusieurs crit�res
DSM IV de l'addiction - est reconnu par plusieurs sp�cialistes
(Brenner, 1996; Griffiths, 1997; Scherer, 1996; V�l�a, 1997 ;
Young, 1996).
Les cyberd�pendants,
sont des gens qui dans leurs efforts de combler un vide
identificatoire, se heurtent aux obstacles souvent imaginaires,
avec des combats qu�ils estiment perdus d�avance ou sans int�r�ts,
situations qui vont engendrer in�vitablement des frustrations,
des ph�nom�nes anxieux, des troubles de comportements. C�est
� la recherche d�un refuge, d'une �chappatoire � la r�alit�,
que cette tendance � s�extraire au contexte r�el pourrait
devenir l�une des motivations intimes des conduites des cyberd�pendants.
Le groupe des cyb�riens, essaie de retrouver une famille
en tant que milieu affectif privil�gi� ou les th�mes cosmiques,
�rotiques et sensuelles sont pr�pond�rants.
Le
remplacement du r�el par le virtuel est la seule mani�re
concevable de vivre. Selon le psychiatre am�ricain, Ivan K.
Goldberg : " l�Addiction Internet, peut d�terminer
la n�gation ou l��vitement d�autres probl�mes de la vie
courante ".
La
conduite addictive, traduit l�immaturit� socio-affective qui d�termine
l�impossibilit� de se construire une identit� psychosociale v�ritable,
solide. La situation est amplifi�e par la coexistence d�un
sentiment de non-valeur personnel, de non-reconnaissance. Ils ont
le sentiment d��tre seuls, isol�s, incomplets narcissiquement,
�tat qui les am�nent � investir et accorder un potentiel
narcissique r�parateur de leur angoisse pr�d�pressive, aux diff�rents
objets et situations qui pourront engendrer par la suite diff�rentes
conduites addictives (voir
aussi en annexe).
Crit�res
diagnostiques de la personnalit� d�pendante DSM IV
Besoin g�n�ral et excessif d��tre pris en charge, qui conduit
� un comportement soumis et � une peur de la s�paration, qui
appara�t au d�but de l��ge adulte et est pr�sent dans des
contextes divers, comme en t�moignent au moins cinq des
manifestations suivantes :
- le sujet a du mal �
prendre des d�cisions dans la vie courante sans �tre rassur�
ou conseill� de mani�re excessive par autrui ;
- a besoin que
d�autres assument les responsabilit�s dans la plupart des
domaines importants de sa vie ;
- a du mal � exprimer
un d�saccord avec autrui de peur de perdre son soutien et son
approbation ;
- a du mal � initier
des projets ou � faire des choses seul (par manque de
confiance n son propre jugement ou en ses propres capacit�s
plut�t que par manque de confiance et/ou d��nergie) ;
- cherche � outrance �
obtenir le soutien et l�appui d�autrui, au point de faire
volontairement des choses d�sagr�ables ;
- se sent mal �
l�aise ou impuissant quand il est seul par crainte exag�r�e
d��tre incapable de se d�brouiller ;
- lorsqu�une relation
proche se termine, cherche de mani�re urgente une autre
relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a
besoin ;
- est pr�occup� de
mani�re irr�aliste par la crainte d��tre laiss� � se d�brouiller
tout seul.
L�apparition
de ces "Nouvelles Technologies de
l�Information et de la Communication "
(NTIC), peut concourir vers un projet de conservation dans
la vie �veill�e, d�une forme de perception hallucinatoire
comme dans le r�ve. Les NTIC renvoient des stimuli visuels et
auditifs, qui permettent gr�ce aux moyens technologiques tr�s
sophistiqu�s - gants, lunettes, combinaisons - de reproduire la
sensation de la texture des mat�riaux, la temp�rature d�un
objet, la sensation de poids, voire m�me la sensation d�avoir
serrer la main d�une personne qui se trouve � des milliers de
kilom�tres.
L�av�nement
de ce nouveau monde virtuel, ne traduit pas simplement une crise
profonde de la repr�sentation, mais il touche � l�image de
soi-m�me, modifie le sens de la finalit� existentielle. Les repr�sentations
virtuelles apportent avec elles la contrainte de vivre - parfois
de survivre - parmi les repr�sentations de la r�alit� plut�t
que dans la r�alit� elle-m�me. L�Internet, offre tous les
attraits d�un monde liss�, parfaitement poli, id�alis�,
d�un cadre de vie stable, protecteur. Pourtant, ce cadre de vie
est en permanence dans un mouvement entropique, source de
dynamisme et de mobilisation.
La
description de ce nouveau monde appara�t pour la premi�re fois
dans un roman de science fiction, �Le Neuromancien�, W.
Gibson: " le cyberespace : une
hallucination consensuelle v�cue quotidiennement en toute l�galit�
par des dizaines de millions d�op�rateurs. Une complexit�
impensable. Des traits de lumi�re dispos�s dans le non-espace de
l�esprit, des mas et des constellations de donn�es".
La
conduite addictive ayant comme objet l�Internet, est souvent
accompagn�e d�une ou plusieurs autres conduites, sous forme
compl�te ou partielle, ce qui fait penser � une probl�matique
de type polyaddictive.
La pr�sence en permanence du facteur communication, peut
engendrer le concept de "Conversation Assist�e
par Ordinateur" et d�addiction
communicationnelle. L�image type des cyberd�pendants,
est celle de personnes qui ont des difficult�s de communication,
qui ont une notion spatio-temporelle alt�r�e et qui cherchent
sans cesse un moyen pour exprimer leur mal de vivre. Cela pourrait
�tre une des explications de ces longues heures pass�es en
connexion. Selon le Dr. Jeffrey Goldsmith, directeur de
l�Alcoholism Clinic - University of Cincinatti, les gens qui ont
du mal � communiquer dans la vie r�elle avec les autres,
sont les personnes les plus susceptibles de devenir d�pendantes
aux possibilit�s de communications offertes par le Web.
Les
grands cyberaddictifs internautes, r�pondent aux
crit�res d�inclusion dans la cat�gorie des joueurs
pathologiques. Certains de leurs comportements pr�sentent
ces caract�res addictifs : avidit�, extr�me plaisir tir�
de l�acte, d�pendance, r�p�tition et surtout perte de contr�le.
L��tat que le DSM-IV classe parmi les "Troubles du contr�le
des impulsions non class�s ailleurs", est caract�ris� par
la pr�occupation pour le jeu, la tendance � augmenter la dur�e,
l�incapacit� � mettre un terme � la conduite,
l�impossibilit� de r�sister aux impulsions.
A
l�origine, l�anc�tre des espaces de parole comme l�IRC
� Internet Relay Chat, �tait le MUD (Multiple
User Dungeons), une sorte de jeux de fiction qui se pratique
en envoyant diff�rents messages aux autres joueurs, afin de
collaborer ou de se confronter dans un espace virtuel. A l�heure
actuelle on d�nombre sur Internet environ 500 sites de jeux en r�seau.
En France, deux sites Internet proposant des jeux virtuels
semblent susceptibles de d�velopper une addiction au jeu.Le
premier jeu, appel� "Le Deuxi�me Monde",
r�alis� par Canal+ et Cryo, a comme objectif la cr�ation d�un
laboratoire politique pour d�mocratie virtuelle. Le jeu consiste
dans une transposition virtuelle de la ville de Paris. On peut
choisir sa morphologie, la couleur de sa peau, son identit�, mais
�galement son logement, avec la possibilit� de le personnaliser.
Les joueurs �citoyens� peuvent se rencontrer, organiser des
visites et des discussions entre eux. Ce qui semble int�ressant,
c�est la possibilit� de vote �lectronique install�e sur le
Web, les �citoyens� �tant appel�s � d�cider eux-m�mes du
sort de ce monde virtuel.
Le deuxi�me jeu, "LePalace", proposent des cadres
de vie virtuelle, des �changes entre des joueurs qui peuvent
choisir �galement leurs apparences, des situations et des
tableaux de vie virtuels. Ce genre de jeux, apparu depuis
longtemps aux Etats-Unis, m�lant la fiction, la virtualit�, le
ludique, a cr�e d�j� des �aficionados�, des inconditionnels
qui vivent dans cet espace, qui ne communiquent que dans le cadre
des IRC qui leurs sont d�di�s, leurs mani�res de vie �tant
conditionn�es par le jeu qui les occupent la plupart de leurs
temps.
L�achat compulsif
est un comportement permanent ou intermittent, caract�ris� par
une irr�sistible envie d�acheter, une tension avant le
comportement et sa r�solution par la r�alisation d�achats. Ce
qui est plus ou moins sp�cifique pour ce genre de comportement,
c�est l�acte d�acheter par rapport � la simple possession
de l�objet.
La place de ce comportement addictif dans un essai de pr�sentation
de la cyberaddiction, semble justifi� par le fait que
l�Internet offre une facilit� immense pour effectuer des
achats, avec une composante nouvelle : l�achat en direct.
Cela a engendr� aux Etats-Unis un v�ritable fl�au social, appel�
buying spree - fr�n�sie d�acheter.
Il semble important de souligner le rapport qui s��tablit
actuellement entre notre soci�t�, qui est par d�finition une
soci�t� de consommation, qui provoque et impulse les gens �
acheter par le biais de la publicit� et de la politique de
marketing, et l�individu, incapable de r�sister � une mise en
acte impulsive d�un d�sir socialement stimul�. Le nombre
important des cyber-consommateurs doit nous questionner. A ce
titre, "Le Deuxi�me Monde", contient � tous les
coins de rue des affiches publicitaires et offre la possibilit�
des visites virtuelles dans des espaces commerciaux qui peuvent se
solder par des achats on-line. Ceux-ci sont bien r�els cette
fois-ci, et pay�s avec de l�argent r�el.
Dans l�article de Ph. Spoljar, j�ai trouv� une notion tr�s
int�ressante, celles de "Sexualit� Assist�e
par Ordinateur", capable selon l�auteur d�effacer
les fronti�res entre masturbation et rapport sexuel. P. Virilio,
utilise le terme de cybersexualit� : "on
invente une perspective nouvelle, la perspective du toucher, qui
permet une sexualit� � distance, la t�l�copulation. L��v�nement
est inou� : jusqu�alors on n�avait jamais pu toucher �
distance. Or aujourd�hui, � des milliers de kilom�tres je peux
non seulement toucher avec des gants de donn�es, mais avec une
combinaison sp�ciale je peux faire l�amour � une fille �
Tokyo, ses impulsions m��tant transmises par des capteurs me
permettant de faire jouir et de jouir moi-m�me".
Pour le cybernaute pr�sentant un comportement addictif
sexuel, l�univers sans barri�res et sans limites de
l�Internet, lui offre le choix et la possibilit� d�acc�der
� ses pulsions et � ses fantasmes les plus intimes.
Depuis
les ann�es soixante-dix, les chercheurs nord-am�ricains se sont
int�ress�s de pr�s au monde virtuel offert par l�informatique
et ses extensions. Les chercheurs de l��quipe de Timothy Leary,
� l��poque directeur du Harvard Psychedelic Drug Research
Program, ont essay�s d�explorer ce nouveau monde et le
microsyst�me qui prend naissance en dehors des normes et des
sentiers battus. John Lilly, jeune et brillant chercheur, �crit
en 1972 une monographie sur le cerveau en tant qu�unit� de
stockage de toutes les bases d�informations contenant le savoir
et les connaissances du monde - " Programming and
Meta-Programming in the Human Bio-Computer ". Cette �tude,
d�un contenu purement scientifique, est pass�e presque inaper�ue
dans les milieux universitaires, son auteur �tant assimil� par
certains � un jeune espoir de la science-fiction. Dans
l�article cit�, Timothy Leary, �tablit une liaison entre
l�invention de la typographie par Gutenberg en 1456 et
l�apparition du Personal Book et l�invention de Steve Jobs et
Steven Wozniak - celle du Personnel Computer, avec la constatation
que l�apparition du livre personnel et de l�ordinateur
individuel a g�n�r� le passage � un niveau sup�rieur de la
conscience humaine - qui acquiert un acc�s de qualit� aux
connaissances du monde, avec une v�locit�, une possibilit� de
partage et de liaison extraordinaire - source d�une r�volution
dans la soci�t�. Pour lui, le probl�me de la cyberaddiction
s�inscrit dans un processus d��volution symbiotique,
interactive avec le microsyst�me form� par l�homme et
l�outil informatique. Dans ce processus, certains individus se
rel�vent incapables de d�crocher du monde virtuel, incapables de
vivre sans l��change continue de signaux �lectroniques entre
leur cerveau et l�ordinateur.
La
collaboration et l'intrication entre l'homme et sa machine
hypercybernetique, dot�e de la parole et d'une intelligence
artificielle, qui poss�de une ind�pendance d'analyse conf�rant
un pouvoir propre d'action et de d�cision, ont d�j� �t�
mentionn�es par les auteurs de science-fiction.
Les
nouvelles recherches et projets sur le d�veloppement de
l�intelligence artificielle, vont ouvrir au monde cybern�tique
des perspectives inimaginables, avec des cons�quences sur le
progr�s des sciences, sur les r�alisations en tout genre dans le
domaine de l��lectronique industrielle, mais aussi dans la
domotique, dans les loisirs et l�exploration du monde virtuel.
Pour les
cyberaddictifs, cela repr�sentera un grand carrefour dans leurs
habitudes, cette nouvelle prouesse technologique �tant de nature
� changer leurs repr�sentations sur le monde virtuel, qui est d�j�
de nos jours, leur seul centre d�int�r�t. Ce concept de r�alit�
virtuelle d�passe actuellement les sph�res de la science-fiction ;
l�apparition des outils hypersophistiqu�s, font penser au r�alisme
et � la capacit� d�anthologie qui d�borde du texte suivant :
"Une r�alit� virtuelle, c�est un monde cr�e par
ordinateur qui change le sens de la pens�e...L�id�e des syst�mes
avanc�s de r�alit� virtuelle comme substituts futurs du sexe,
des drogues s'est le nouvel apanage de la science fiction moderne,
de l��criture cybern�tique " - Bart Kosko ( Fuzzy
Thinking, 1993).
Au d�but
des ann�es quatre-vingt-dix, avec le d�veloppement des
techniques du multim�dia et surtout avec la mont�e du Web, les
universit�s am�ricaines ont pu constater, avec une r�elle inqui�tude,
le nombre grandissant des jeunes �tudiants pr�sentant les signes
de cette nouvelle forme de comportement addictif : la cyberd�pendance.
Les articles traitant de ce sujet sont peu nombreux aussi bien sur
le vieux continent, qu�aux Etats-Unis ou Canada, bien que dans
ces pays, des associations et des universit�s ont des programmes
de recherche tr�s avanc�s dans le domaine des conduites
addictives.
Les enqu�tes
publi�es aux USA par les enseignants du cycle universitaire, font
part des cas concrets, r�pondant � tous les crit�res de
classification des d�pendances. Ainsi, une association d�aide
aux cyberd�pendants cr�e par le psychiatre nord-am�ricain
Ivan K. Goldberg, affiche dans sa page d�information sur le Web
les crit�res typiques de l'Internet Addiction Disorders (IAD),
crit�res qui sont calqu�s sur ceux de la DSM-IV. La d�pendance
est manifeste dans le cas d�une utilisation disproportionn�e,
mal adapt�e de l�Internet, conduisant � une perturbation d�finie
par trois (ou plus) des crit�res suivants, sur une p�riode
d�au moins 12 mois :
Crit�res
de la d�pendance Internet (adaptation DSM - IV)
I.
Tol�rance, comme d�finie par une des
propositions suivantes : |
|
A.
une augmentation progressive, marqu�e du temps pass�
en connexion, afin d�obtenir satisfaction.
B. une
diminution marqu�e de l�effet, si le temps pass�
pour la connexion Internet est toujours le m�me. |
II.
Syndrome de manque,
manifest� par l�une des propositions suivantes : |
|
A.
le syndrome
classique de manque |
|
|
1.
arr�t ou r�duction de l�Internet qui est
difficile � supporter et semble prolong�
2. deux
ou plus des propositions suivantes, d�apparition apr�s
plusieurs jours jusqu'� un mois par rapport au crit�re
1. |
a.agitation
psychomotrice
b.fantasmes
et r�ves au sujet de l�Internet
c.des
mouvements anormaux et involontaires des doigts
de la main
|
|
|
3.
les sympt�mes
du crit�re B g�n�rent un dysfonctionnement
d�ordre social, dans le travail ou d'autres domaines
importants |
|
B.
l�utilisation
d�Internet ou d�un service similaire on-line, est en
mesure d�effacer ou d��viter les sympt�mes du
syndrome de manque. |
III.
L�acc�s
� l�Internet est r�alis� presque toujours, plus
longtemps et plus souvent, que dans l�intention
initiale.
IV. Il
existe un d�sir permanent ou des efforts sans succ�s
d�arr�ter la connexion ou de contr�ler l�usage de
l�Internet.
V.Une
grande partie de son temps libre est pass�e dans des
activit�s concernant l�usage de l�Internet (achats
de livres sp�cialis�s, essai sans arr�t des nouveaux
moteurs de recherche, la recherche de nouveaux providers...)
VI. Les activit�s
sociales, les hobbies, les activit�s r�cr�atives,
sont r�duites ou abandonn�es � cause de
l�utilisation de l�Internet.
VII. L�usage
de l�Internet persiste, en d�pit de la prise de
conscience sur les probl�mes sociaux, occupationnels,
relationnels et psychologiques, occasionn�s ou
entretenus par l�emploi de l�Internet (privation de
sommeil, difficult�s de couple, retard dans les
rendez-vous, surtout matinaux, n�gligemment des activit�s
habituelles, ou sentiment d�abandon de la part des
proches).
|
Dans le
groupe de parole et d�aide on-line du site IAD, se trouve
aussi un espace d�auto-�valuation de son degr� de cyberd�pendance
et de la motivation pour en finir avec cette d�pendance.
La Soci�t�
Am�ricaine de Psychologie, a pr�sent�e une �tude r�alis�e
par Kimberly Young, Universit� de Pittsburgh-Bradford, portant
sur 396 hommes et femmes, qui se connectent en moyenne sur
Internet pendant 38 heures par semaine. L�article dresse le
constat de l�existence d�une vraie addiction, qui peut d�truire
les relations personnelles et de travail de ces utilisateurs
obsessionnels, en les amenant � la perte de leur travail et �
une d�sinsertion socio-professionnelle. Les personnes atteintes
des conduites addictives rapport�es � l�Internet, ne sont pas
des "ados farfelus", mais la plupart sont d��ge
moyen, donnant l�impression d��tre au sommet de leurs
rendements et capacit�s. Les grands usagers on-line, pr�sentent
tous les crit�res psychiatriques du DSM-IV applicables aux
alcooliques et aux grands toxicomanes. Les dialogues et les th�rapies
arrivent � d�celer, par rapport aux descriptions des sensations
ressenties, trois aspects pr�dominant :
l�id�e
de communaut� - rencontrer des " amis "
on-line
les fantasmes
- l�adoption des nouvelles personnalit�s et les fantaisies
sexuelles
le pouvoir
- l�acc�s instantan� � l�information et vers des nouvelles
personnes.
David
Brocato, animateur d�espace de conversation IRC sur le th�me
des comportements addictifs, pensait avoir affaire aux alcooliques
et toxicomanes classiques, mais il d�couvre que la plupart des
gens qui rentrent dans le cercle de conversation, expriment une
probl�matique li�e � " l�Internet Addiction".
Ainsi, une de ces personnes, raconte comment elle a perdu son
travail et comment sa vie familiale a �t� d�truite, la seule
occupation capable de l�accaparer pendant des heures �tant la
connexion on-line et la participation au groupes de paroles.
L�animateur lui demande alors s�il est pr�t � lui renvoyer
son modem (le moyen de connexion entre l�ordinateur et le
service Internet, via les voies de transmission t�l�phoniques).
La r�ponse tombe instantan�ment: ABSOLUMENT PAS , puis
en se d�connectant, la personne met fin � la conversation.
Ce cas
rassemble beaucoup aux situations qu�on rencontre g�n�ralement
dans la pratique quotidienne avec les toxicomanes, compte tenu des
traits psychologiques des sujets et des effets obtenus par la
prise d�une substance psychotrope. Ces effets pourraient �tre
une tentative de r�solution d�un probl�me, la recherche r�p�titive
du plaisir.
Les
recherches effectu�es par Zuckerman dans les ann�es soixante,
essaient d��tablir un lien entre les ph�nom�nes
d�activation psychique et la recherche de sensations. Celle-ci
correspond au besoin d�exp�riences nouvelles, complexes et vari�es
et � la volont� de prendre des risques physiques et sociaux dans
le but d�obtenir et de maintenir un niveau optimal �lev�
d�activation c�r�brale.
L��chelle
de recherche de sensations, - Sensation Seeker Scale -
(SSS), comporte quatre facteurs qui d�finissent ce ph�nom�ne :
1.
recherche
de danger/aventure - attrait pour les sports et les
conduites � risques, impliquant vitesse et danger.
2. recherche d�exp�rience - attrait pour des
activit�s intellectuelles ou sensorielles.
3. desinhibition
- attrait pour la boisson, l�alcool, les exc�s sexuels.
4. susceptibilit�
� l�ennui.
Il existe
une relation �troite - mais non-sp�cifique et non-exclusive -
entre addictions et recherche de sensations.
Une �tude
r�alis�e par Bridget Murray, enseignante dans une grande �cole
am�ricaine, analyse le ph�nom�ne des conversations on-line sur
l�Internet Relay Chat - l�IRC -, moyens de conversation
en ligne et en temps r�el par l�interm�de d�un groupe de
discussion. L�acc�s est libre, conditionn� par le simple choix
d�un pseudonyme - garantissant un anonymat total. Son cr�ateur,
le finlandais Jarkko Oikarinen, lui-m�me un ancien cyberd�pendant,
d�crit l�IRC comme un moyen de conversation envo�tant,
accaparant, vecteur d�une fausse socialisation. L�IRC repr�sente
"une passerelle" du r�el vers la "r�alit�
virtuelle", et surtout �vite le contact direct dans un
�face-�-face�. L�emprise de ce moyen de communication est
immense sur certains des cyberaddictifs, capables de r�sister
devant leur �cran et clavier pendant des longues heures, afin de
pouvoir communiquer avec d�autres passionn�s, presque toujours
dans le d�triment de leur vie sociale, familiale,
professionnelle. En conclusion, l'�tude souligne l�importance
de ces passages artificiels, qui permettent finalement
l�installation de la communication sans la contrainte
d�affronter la r�alit�.
Pour
Jonathan Kendall, University of Maryland-College Park, cette
emprise est celle d�un "vide descendant en spirale, avec un
fort pouvoir d�aspiration". D�ailleurs, le surnom de
l�Internet, est le Web, mot signifiant en anglais �toile
d�araign�e�. Cette toile, tiss�e � l�infini, peut fort
bien devenir envo�tante, accaparante pour celui qui l�approche
de trop pr�s.
Ces
exemples montrent la difficult� de la prise en charge des
conduites addictives. Les psychologues, les m�decins sont
d�accord sur le fait que les cyberd�pendants, chacun
avec sa sp�cificit� et sa personnalit�, ont droit � un regard
diff�rent, � une approche th�rapeutique adapt�e au cas par
cas. L�exp�rience confirme que l��tape la plus importante
dans le d�clenchement d�une prise en charge et qui aura les
meilleures chances d�aboutissement, passe d�abord par la
reconnaissance de sa d�pendance.
Une
partie des th�rapeutes, consid�re que les th�rapies les mieux
adapt�es sont les psychoth�rapies de type analytiques, qui
utilisent comme support principal le langage verbal en tant
qu�expression sonore de la pens�e. Un tel langage doit �tre r�habilit�
dans sa fonctionnalit�. La fonction de penser, qui est dans le
cas des cyberaddictifs plus importante que l�expression
orale, doit �tre investie afin d�aboutir � la restauration de
la parole. Nouer ou renouer des liens de solidarit� et
d�entraide, r�tablir des relations humaines, aidera les gens �
parler d�eux-m�mes et de leurs probl�mes.
Pour
certains, il faut soutenir les sujets afin de g�rer leurs
comportements en les aidant � prendre conscience des facteurs qui
contribuent � l�apparition de l�addiction (r�actions aux
stress, traits de personnalit�...), des effets de leurs
comportements et de les aider � am�nager leurs r�ponses d�une
mani�re plus pertinente. La resocialisation des sujets peut se
faire par la mise en place des groupes de paroles directes, en
�face � face�, en associant des ex-internautes d�pendants,
avec un suivi au long cours. Cela implique �galement un r�seau
d�intervenants pr�par�s � comprendre leur mode particulier de
relation aux objets.
Sur ce
sujet, les exp�riences nord-am�ricaines sont assez compl�tes,
avec cependant une critique concernant la faible importance accord�e
� la prise en charge th�rapeutique individuelle, l�accent �tant
mis sur les th�rapies de groupe. La partie sur laquelle ils ont
une avanc�e, c�est la mise en place de sites Internet (peut-on
oser l�utilisation du terme substitution ?!) repr�sentant
des groupes de paroles � but th�rapeutique, s�adressant
d�une mani�re anonyme aux cyberd�pendants. Les groupes
de paroles, cr�es par les ex-d�pendants, ou par les familles et
les gens de l�entourage, ont la qualit� et l�avantage de
faciliter le dialogue, dans un premier temps � l�aide des
groupes IRC et par la suite en encourageant les dialogues �face-�-face�.
Kathleen
Scherer, psychologue am�ricaine, a dirig�e une session
d�information et un groupe de parole dans le cadre de
l�Universit� de Texas. L�exp�rience �tait suivie par 60 �tudiants,
qui ont essay� d�apprendre � contr�ler leur temps de
connexion dans les IRC ou dans les groupes de jeux virtuels. Cet
apprentissage allait jusqu'� la suppression de leurs abonnements
Internet. Pour une meilleure �valuation de cette exp�rience,
Scherer, en collaboration avec Jane Morgan Bost, psychologue dans
le Centre de Sant� Mentale de Texas, a conduit une enqu�te de
type �cohorte� sur 1000 �tudiants, les uns utilisateurs
d�Internet, les autres non-utilisateurs. Cette enqu�te avait
comme objectif l��tablissement des formes cliniques de d�pendance
et les meilleures prises en charge psychoth�rapeutiques. Le r�sultat,
aussi paradoxale que ce soit, souligne le r�le et l�importance
des groupes de paroles IRC ayant comme th�me la d�pendance et
l�aide on-line, mais aussi le r�le du facteur �ducationnel, la
seule contrainte �tant celle de la capacit� de faire la diff�rence
sur la valeur des sites et surtout, de bien conna�tre ses propres
limites. Le paradoxe, est l�utilisation du facteur incrimin�
dans le d�clenchement de la conduite addictive, en tant que moyen
de lutte contre celle-ci. L�acceptation de ce moyen est r�ciproque,
aussi par les th�rapeutes que par les addict�s.
Le
concepteur du site Internet Stress Scale, le Dr.Orman,
essaie de venir en aide avec des textes explicatifs, qui traitent
les situations de stress r�sultant du travail sur ordinateur. La
tendance de devenir d�pendant � l�Internet, est test�e
� l�aide de neufs items. Le but, est de r�pondre par �oui�
ou par �non� � ces questions, le score total obtenu
illustrant le degr� de d�pendance ou de non-d�pendance. (annexe
1). Un tel test
� un c�t� un peu trop simpliste, qui ne tient pas compte des
facteurs fragilisants, des facteurs de la personnalit� ou des
situations de d�pressions dans lesquelles se trouvent les
personnes addict�es. N�anmoins, c�est un test facile �
pratiquer, qui permet de d�marrer une �ventuelle prise en
charge. En outre, il souligne d�une mani�re assez pr�cise
l�importance d�une meilleure gestion et d�un meilleur contr�le
de son temps.
Interneters
Anonymous, est un groupe d�hommes et de femmes qui partagent
leurs exp�riences, afin de renforcer la motivation de ceux qui
ont envie de retrouver une vie �normale� apr�s les
comportements cyberaddictifs . Leur programme est calqu�
sur le mod�le utilis� par les Alcooliques Anonymes, avec les
douze �tapes de reconnaissance de l�impuissance devant
l�objet ou le sujet de l�addiction : Internet. Leur mani�re
de rentrer en contact utilise le Web, avec une page qui contient
des exemples personnels, des t�moignage et les adresses
d�autres personnes qui ont besoin ou qui peuvent aider. La seule
condition requise dans le cadre de leur programme, est la
reconnaissance sans ambigu�t� de l��tat de d�pendance et de
la perte de libert�. L�exp�rience
et la r�putation des groupes de paroles constitu�s sur le
principe des Alcooliques Anonymes ou des Narcotiques Anonymes,
donne une caution de valeur � un site de ce style. (annexe
2).
*
En
conclusion, on peut consid�rer que si la r�alit� clinique des
addictions est un fait unanimement accept�, les nouvelles
addictions - jeu pathologique, sexualit� pathologique, achats
compulsifs - sont encore dans la phase d�acceptation par la
communaut� scientifique. La difficult� principale est celle de
l��tablissement des crit�res valables de d�finition. Dans la
classification de r�f�rence � l�heure actuelle (le DSM-IV)
ces conduites figurent parmi des "Troubles du contr�le des
impulsions ", cat�gorie pouvant englober aussi le
concept d�"Internet Addiction". Ce dernier, est tr�s
peu connu dans le milieu professionnel, les quelques �tudes
faites aux Etats-Unis ou au Canada �tant de date r�cente, avec
une casuistique restreinte, les crit�res de l�addiction �tant
pr�sents. L�exp�rience des m�decins et psychologues qui ont
effectu� ces enqu�tes prouvent le bien fond� de l�utilisation
du terme de conduite addictive par rapport � l�usage r�p�titif,
intensif, qui �chappe � tout contr�le, par rapport aux signes
de d�pendance psychologique et l�existence d'un syndrome de
sevrage et par rapport aux cons�quences socio-professionnelles et
familiales. Une des sp�cificit�s de ce probl�me, c�est la
possibilit� de rencontrer une polyaddiction,
l�association entre la cyberaddiction, la sexualit� assist�e
par ordinateur, le jeu pathologique et les conduites d�achats
compulsifs, �tant courante dans les troubles de comportements des
personnes impliqu�es.
Les cyberaddictifs
- ces accros de la connexion et de la communication, ces drogu�s
du virtuel, expriment peut-�tre la r�action du consommateur
lambda au flux d�information, au changement de la repr�sentation
et � la modification du sens de la finalit� existentielle. On
peut penser que le rapport � la r�alit� change de nature :
le virtuel devient aussi r�el que le r�el, l�esp�ce humaine
devenant contrainte de vivre de plus en plus dans des repr�sentations
de la r�alit� plut�t que dans la r�alit� elle-m�me.
Le Web
avec sa toile invisible qui se r�pand dans l�espace plan�taire,
devient un lieu de refuge par excellence pour ces personnes qui
n�arrivent pas � s�exprimer, pour qui la parole et le contact
humain n�ont plus de valeur v�ritable. La n�gation de leurs
probl�mes, les poussent � se cacher derri�re la �toile du
Web�, dans la �r�alit� virtuelle� des espaces de conf�rences,
des IRC, des jeux en r�seau, l� o� ils vont rencontrer les
autres " cyb�riens ", pr�ts � �changer
l�expression orale par la transmission de leur pens�s
informatis�es. Toutes ces notions, li�es aux mouvements
continus, en �volution rapide et permanente, font du Web l�expression
frappante d�un changement, d�un monde en pleine dynamique
mutante, qui exhorte l�immobilisme et les repr�sentations
statiques. C�est l�, un autre aspect d�Internet, qui poss�de
une valeur symbolique intrins�que propre, avec une connotation
d�espace illimit� � conqu�rir et peupler, qui joint la notion
d�infini, mais dans le m�me temps est associ� � un cadre
protecteur.
Il
faudrait se poser la question si le cyberespace pouvait un
jour demander sa reconnaissance en tant qu��tat, fort de 37
millions d�internautes qui ont �lu domicile, qui vivent selon
des normes de vie tr�s initiatiques, d�une fa�on
�artificielle�. Les �changes et les contacts sont
habituellement r�alis�s par l�interm�de des groupes de
paroles virtuelles, ou dans un proche avenir, � l�aide des
outils � fort potentiel virtuel, comme les gants, les
combinaisons et les lunettes.
Et
pourtant, l�Internet c'est le vecteur de la r�volution
culturelle et scientifique qui va nous aider � devenir plus
performants, mieux inform�s, avec une qualit� et une rapidit�
de v�hiculation de l�information sans pr�c�dent. Les �tudiants,
les enseignants, ont la possibilit� de communiquer et de se tenir
au courant � tout instant de tous les progr�s ; dans le
domaine des conduites addictives m�mes, l�Internet offre une
base immense de donn�es, des sites de parole et d��change cr��s
par des ex-addictifs, par des universit�s ou des associations
d�entraide.
L�Internet
fait partie actuellement d�une r�alit� ambientale, le d�veloppement
futur des �autoroutes de l�information� fera du �r�seau
des r�seaux� un outil tr�s puissant au service de l�humanit�.
Le r�el
et le virtuel ne sont plus indissociables ; ils se compl�tent
et s�expliquent r�ciproquement. L�humanit� doit s�efforcer
de prendre en compte le besoin d�un changement dans ses rapports
au r�el et au virtuel, entre le monde de la r�alit� qui est par
d�finition clos et un monde virtuel tourn� vers l�infini, en
relation avec l�imaginaire.
*
Liste
bibliographique :
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, D�pendance et conduites de d�pendance, 1994, Paris,
Masson
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Paris, Masson,
-
Wiener
Norbert, The Human Use of Human Beings, 2nd
edition, 1954, New York, Da Capo Press
ANNEXES
:
Internet
Stress Scale
1.
Est-ce que vous passez plus de temps connect� sur
l�Internet, que vous auriez penser initialement ? |
OUI |
NON |
2.
Est-ce que �a vous d�range de limiter le temps pass�
sur l�Internet ? |
OUI |
NON |
3. Est-ce
que des amis ou des membres de votre famille se sont
plaint par rapport au temps que vous passez sur
l�Internet ? |
OUI |
NON |
4.
Est-ce que vous trouvez difficile de rester sans �tre
connect� pendant quelques jours ? |
OUI |
NON |
5.
Est-ce que le rendement de votre travail professionnel ou
les relations personnel, ont souffert � cause du temps
que vous passez sur l�Internet ? |
OUI |
NON |
6.
Est-ce qu�il y a des zones de l�Internet, des sites
particuliers, que vous trouvez difficile � �viter ? |
OUI |
NON |
7.
Est-ce que vous avez du mal � contr�ler l�impulsion
d�acheter des produits ou des services �tant en
relation avec l�Internet ? |
OUI |
NON |
8.
Avez-vous essay�, sans succ�s, d��courter l�usage
de l�Internet ? |
OUI |
NON |
9.
Est-ce que vous d�viez beaucoup de vos champs d�action
et satisfaction, � cause de l�Internet ? |
OUI |
NON |
De 0 � 3 r�ponses positives, il y a une petite tendance �
devenir addictif Internet.
Entre 4-6 r�ponses positives, il y a une chance de d�velopper
cette conduite addictive.
Les
douze �tapes de l�Internet Addiction
- Admettre �tre
impuissants devant L�Internet et les services on-line - on
admets que nos ordinateurs et nos modems sont surutilis�s.
- Croire que
le tout-puissant �webmaster� peut nous redonner la sant�
d�esprit.
- Prendre une
d�cision pour faire changer nos d�sirs, nos vies et nos
�souris� vers le tout puissant �webmaster�.
- Faire une
recherche sans crainte de nos disques durs.
- Faire
accepter par le tout-puissant �webmaster�, par nous-m�mes
la nature exacte de notre addiction.
- On est pr�ts
� supprimer tous les enregistrements de nos adresses
Internet.
- On supplie
humblement le tout-puissant �webmaster� de retirer nos
pages Web de tous les moteurs de recherche.
- Cr�er une
liste des groupes de parole visit�s et admettre notre
addiction aux membres de chacun de ces IRC.
- Corriger
notre apparence devant tous les membres de ces IRC � qui on a
menti par rapport � cela.
- Continuer
de faire l�inventaire de tous nos disques durs et supprimer
tous les fichiers qu�on a pu t�l�charger sur Internet.
- Rechercher
par c�ble et par autre moyen Internet d�am�liorer notre
contact conscient avec le tout-puissant �webmaster�.
- Essayer de
baisser sa note de connexion � l�Internet, la facture d��lectricit�
et de t�l�phonie comme un r�sultat de ces �tapes, essayer
de faire porter ce message aux autres internautes , essayer de
maintenir cette conduite dans notre vie courante.
Traits
de caract�re des cyberd�pendants
|
Immaturit�
socio-affective |
|
Vide identificatoire |
|
Frustration et
incapacit� de surmonter celle-ci |
|
Anxi�t� |
|
Troubles de
comportements et d�pendance affective |
|
Sentiment de
non-valeur et de non-reconnaissnace |
|
Sentiment d'isolement
et caract�re solitaire |
|
Incomp�tence �motionnelle |
Le r�sultat de ces
manifestations : une grande difficult� d'adaptabilit�, un
refus d'acceptation du monde r�el, la recherche d'une
�chappatoire et le refuge dans le monde virtuel.
Le ph�nom�ne d'appartenance
groupale, est un facteur de renforcement positif.
Il existe un r�el fluide
�motionnel et fantasmatique entre les membres du groupe, qui
recherche en permanence un leader, pour remplacer l'image
paternelle ou simplement pour �tre d�charg� de toute
responsabilit�.
La place de leader est
objet de convoitise, mais la force de celui-ci peut aller jusqu'�
bannir les intrus qui mettrait en jeu son r�le.
Le groupe contribue � la
construction d'un imaginaire collectif, authentifiant les v�rit�s
virtuelles.
La cyberd�pendance
est un mode de r�solution particuli�re d'un trouble de
comportement.
Plusieurs motivations :
Loisirs
Augmentation des performances
Accro�tre sa capacit� d'adaptabilit�
Refuge virtuel
Trouver des compagnons
Reformer un cercle d'initi�
Dans une dimension de
"culte de la performance", les utilisateurs accros du
Web, cherche � renforcer leur potentiel.
Le grand combat des cyberd�pendants
est celui contre la solitude ; paradoxalement, la connexion Web
serait de nature � combler le vide autour de soi, et la pr�sence
virtuelle de compagnons est rassurante. |